Noyer cendré
(Noyer tendre, arbre à noix longues)
Essence poussant le long du fleuve St-Laurent, jusqu'à un peu plus haut que Québec et ce autant sur la rive nord que la rive sud. Le noyer cendré pousse aussi un peu le long de la rivière des Outaouais et quelque peu en Montérégie, ainsi que dans les Cantons de l'Est.
Bois Le bois, brun rougeâtre, est léger, tendre et faible. On s'en sert en ébénisterie pour la fabrication d'articles au tour entre autres.
Taille et port Le noyer cendré peut atteindre des dimensions importantes lorsqu'il est en station propice,
c'est-à-dire 25 mètres de hauteur, 1 mètre de diamètre et une centaine d'années. Lorsque l'arbre est en terrain découvert, il a souvent un tronc court et fourchu, une cime irrégulière et arrondie au sommet. Quand celui-ci est en forêt, il a habituellement un fût bien droit et rectiligne, avec en guise de cime, quelques grosses branches étalées.
Remarques Il ne faut pas le planter près d'un potager ou près de d'autres types de plantes parce que ses racines et son feuillage secrète une toxine (la juglone); c'est en quelque sorte un moyen de favoriser sa propre croissance.
Les noyers cendrés sont de plus en plus atteints par une maladie mortelle qui se nomme -Sirococcus clavignenti-juglandacearum.
Informations générales | |
Port : | Large et globulaire |
Croissance : | Lente |
Grandeur moyenne : | 20 m |
Largeur moyenne : | 12 m |
Diamètre moyen : | 75 cm |
Espérance de vie : | 80 ans |
Région d'origine : | Canada et États-Unis |
Feuilles | |
Type : | Caduques, composées, alternes |
Caractéristiques : | 11 - 17 folioles ovales, pointues et pubescentes |
Longueur : | 30 - 60 cm |
Couleur : | Vert jaunâtre |
Couleur d'automne : | Jaunes |
Exposition | |
Ombre | Mi-ombre |
Soleil |
Fleurs | |
Saison : | Printemps |
Caractéristiques ♂ : | Chatons, 6 - 14mm de longueur |
Caractéristiques ♀ : | Inflorescences dressées, 4 - 7 fleurs |
Couleur ♂ : | Verdâtres |
Couleur ♀ : | Vertes et rouge rosé |
Type d'ombre produit | |
Léger | Moyen |
Fort |
Fruits | |
Type : | Noix ovales ou oblongues |
Longueur : | 5 - 8 cm |
Couleur : | Vert jaunâtre |
Saison : | Automne |
Utilités paysagères et territoriales | |
Contrôle de l'érosion | Brise-vent |
Arbre de rue | Massif |
Écran | Isolé |
Haie |
Écorce | |
Apparence/jeune : | Lisse |
Apparence/vieille : | Épaisse et rugueuse, divisée en larges crêtes entrecroisées |
Couleur/jeune : | Gris pâle |
Couleur/vieille : | Gris cendré |
Tolérance(s) | |
Cerfs de Virginie | Sel de déglaçage |
Sécheresse | Compactage |
Inondation | Pollution |
Attraits | |
Écorce décorative | Attire les oiseaux |
Fleurs décoratives | Attire les petits animaux |
Feuilles décoratives | Sonorité du feuillage |
Fruits décoratifs | Vertus médicinales |
Zone de rusticité | |
1 | 2 |
3 (b) | 4 |
5 | 6 |
Indigène dans ces provinces et états : | |
Canada : NB, ON, QC USA : AR, CT, DC, DE, GA, IA, IL, IN, KS, KY, MA, ME, MD, MI, MN, MO, NC, NE, NH, NJ, NY, OH, PA, RI, TN, VA, VT, WI, WV |
|
Classification classique | |
Règne : | Plantae |
Sous-règne : | Tracheobionta |
Division : | Magnoliophyta |
Classe : | Magnoliopsida |
Ordre : | Juglandales |
Famille : | Juglandaceae |
Genre : | Juglans |
Espèce : | Juglans cinerea |
Cet arbre qui est le seul représentant indigène, au Québec, du genre juglans (noyer) est intolérant à l’ombre, de sorte qu’il ne s’installe que si la lumière du soleil lui parvient abondamment. Autrement, il ne sera pas capable de s’établir sur un site qui aurait pourtant pu lui convenir.
Il pousse rapidement mais possède une mortalité pathologique d’environ 80 ans. Dans les meilleures conditions, il peut vivre environ 100 ans, mais pas vraiment davantage. Contrairement au noyer noir, le bois de cet arbre possède beaucoup moins de valeur et est davantage reconnu pour ses noix qui sont comestibles (et apparemment bonnes). De fait, en plus des humains qui peuvent en manger, les rongeurs en rafolent littéralement et il devient presque difficile de récolter les graines avant eux à l’automne!
Le noyer cendré développe un important pivot, lequel s’enfonce profondément dans le sol et duquel partent plusieurs autres racines latérales. Évidemment, plus le dépôt sera important, plus la profondeur de pénétration du pivot (et par conséquent d’ancrage des multiples racines) sera bonne. Il préfère les sols acides et même ceux tirant vers l’alcalinité. En fait, il aime lorsque le pH oscille entre 5,5 et 8,0. Il peut croître dans les sols quelque peu argileux et sableux, mais préfère comme bien des arbres les sols à texture plus moyenne, comme par exemple le loam ou encore le limon. Par contre, comparativement au noyer noir, il peut tolérer et pousser dans les sols plus rocailleux et secs. Par contre, sa croissance sera certainement moins bonne. Quant au drainage, il le préfère lorsqu’il est bon ou encore modéré.
Quant à la topographie qu’il occupe, disons qu’on le voit habituellement près des cours d’eau, dans les dépressions légèrement humides, sur les versants en pente douce ou dans les vallées peu encaissées, sur les platières alluviales et enfin sur les plaines inondables périodiquement. On peut donc dire qu’il peut croître dans de multiples stations.
Comme les autres membres de la famille des Juglandacées, il produit une toxine, qu’on appelle juglone, laquelle tue une très grande majorité de plantes voulant pousser trop près de l’arbre. De cette façon, cela élimine passablement de végétation autour de l’arbre. Par contre, toutes les plantes et les arbres ne sont pas affectés par cette substance. Les pins et les bouleaux sont notamment très affectés par cette substance et on a déjà vu des pins de 20 ans mourir par absorption de juglone. Mentionnons que c’est dans les racines et dans le brou (l’enveloppe charnue) des graines qu’on en retrouve la plus grande concentration, mais il y en a également dans les feuilles, les bourgeons ou encore l’écorce interne.
Le noyer cendré n’a jamais été et ne sera jamais un arbre très important dans toute son aire de distribution. De fait, il est plutôt solitaire et est plus souvent qu’autrement une tige compagne dans plusieurs peuplements feuillus. Il peut croître en compagnie de l’érable à sucre ou rouge, du tilleul d’Amérique, du hêtre à grandes feuilles, du cerisier tardif, de l’orme d’Amérique, du bouleau jaune, de l’ostryer de Virginie et du frêne blanc. On le voit très peu en compagnie de résineux, mais lorsque c’est le cas, ce sera la plupart du temps dans un peuplement mixte et les résineux en cause seront les pruches du Canada ou encore dans quelques cas avec le pin blanc. Dans le nord des Appalaches, cet arbre est considéré comme étant une tige désirable dans un peuplement alors que plus au sud des Appalaches, il est plutôt considéré comme étant pratiquement indésirable.
Malheureusement depuis quelques années, le noyer cendré est aux prises avec un champignon (plus spécifiquement un chancre, soit Sirococcus clavignenti-juglandacearum, natif d’Europe), qui est en train de le faire disparaître de l’Amérique du nord. Le champignon s’attaque autant aux arbres sains qu’en déperdition. Celui-ci s’introduit par les cicatrices foliaires (des branches basses) et/ou toute blessure du tronc. Afin de cicatriser la plaie, l’arbre fera un cal continuel et finira par s’étouffer. Comme le mentionne Patrick Lupien, ingénieur forestier, dans son livre Des feuillus nobles en Estrie et au Centre-du-Québec, ce type de maladie (car ce champignon en est une), ne se répand pas trop vite lorsque les arbres sont de nature plutôt solitaire, comme c’est le cas pour le noyer cendré. À titre d’exemple, une progression rapide du champignon attaquant un arbre commun comme l’érable rouge par exemple aurait été plus comprenable. Or, en Amérique du Nord, le noyer cendré vit presque toujours isolé des autres sujets de son espèce. Les chercheurs s’expliquent donc mal la rapide propagation de la maladie. Aux États-Unis, comme en Ontario, le problème est tellement réel que l’arbre est classé en voie de disparition. Fort heureusement, il existe des arbres qui semblent être résistants à la maladie. C’est à partir de ces arbres qu’un rétablissement éventuel de l’espèce va passer. À l’instar de Patrick Lupien, j’invite donc les gens qui connaissent l’emplacement d’un noyer cendré mature exempt de toute maladie à le communiquer à tout bon gestionnaire forestier (ingénieur, technicien, etc). Évidemment, si vous percevez cette maladie, il pourrait être bon de couper l’arbre et de le brûler afin d’éviter toute propagation des spores. En Ontario, des équipes ont été formées en 2005 afin de répertorier et de multiplier les noyers cendrés résistants. Une équipe est actuellement en train d’élaborer (ou l’a terminé) un plan de rétablissement et ce, dans toute la répartition pancanadienne du noyer cendré. Allez, aidons à multiplier cet arbre et à signifier la présence d’arbres résistants. Ainsi, on évitera peut-être de perdre à tout jamais un bel arbre.
Plusieurs photos d'arbres infectés par cette maladie:
http://cfs.nrcan.gc.ca/fichesinformation/butternut_2
http://scf.rncan.gc.ca/nouvelles/457
http://imfc.cfl.scf.rncan.gc.ca/maladie-disease-fra.asp?geId=1000093
Etienne Ouellet, biologiste/ingénieur forestier
Références
Livres :
KERSHAW, LINDA, Trees of Ontario, Lone pine publishing, 2001, 240 p.
LAIRD FARRAR, JOHN, Les arbres du Canada, Éditions Fides, 1996, 502 p.
LUPIEN, PATRICK, Des feuillus nobles en Estrie et au centre-du-Québec, Association forestière des Cantons de l’est, 2006, 268 p.
Sites internet :