Asiminier trilobé
(Corossol)
Aire de répartition naturelle
Bien que rare, l'asiminier trilobé est indigène dans le sud de la péninsule ontarienne, lui dont l'aire de répartition naturelle ceinture presque le lac Érié en entier. Là où les conditions lui sont propices, il est possible de le croiser à peu près n'importe où sur ce bout de terre baigné par l'extrémité sud du lac Huron, l'est du lac Sainte-Claire et le nord-ouest du lac Érié. L'arbre pousse également dans la péninsule du Niagara. Au Québec, tout comme en Nouvelle-Angleterre, l'asiminier trilobé, communément appelé pawpaw n'est pas présent naturellement. Il s'agit plutôt d'un petit arbre typique du Midwest et de la côte est états-unienne, de l'est du Texas au sud-est du Nebraska et du sud de la Pennsylvanie à la Géorgie.
Histoire, anecdotes et informations pertinentes
Ce petit arbre nous vient de la famille de la pomme-cannelle - ou annonnacées - dont la vaste majorité des membres (des arbres, des arbustes et des lianes) poussent en zone tropicales ou subtropicales. Certains d'entre eux donnent des fruits comestibles. C'est le cas des corossoliers qui produisent des fruits qui sont consommés à travers le monde, mais qui sont peu connus au Québec et au Canada. On pense ici à la pomme cannelle, au coeur de boeuf, au chérimole et au corossol lui-même. Cela explique pourquoi l'asiminier trilobé est parfois appelé corossol.
La chair de son fruit irrégulier rappelle celle de la banane et c'est pour cette raison que, selon l'endroit où l'on se trouve, il est possible d'entendre parler de lui sous le nom de Banana, précédé d'un nom d'état états-unien. De cette manière, il sera parfois appelé Arkansas Banana ou Michigan Banana, Indiana Banana ou tout simplement False Banana. Le fruit est des plus intéressants; on dit souvent de lui qu'il a un goût se situant entre celui de la mangue et de la banane et que sa texture évoque celle de la costarde, ces préparations crémeuses que sont la crème anglaise ou la crème pâtissière par exemple. Certains individus produiraient des fruits dont la couleur de la chair serait blanc-jaune, tandis que d'autres individus produiraient des fruits dont la couleur de la chair serait davantage jaune-orange. Les fruits les plus savoureux seraient ceux à chair jaune-orange. Fait intéressant, en Ontario, on trouve surtout des arbres donnant des fruits à chair jaune-orange, ce qui laisse croire que les Amérindiens seraient les responsables de la présence de cet arbre au Canada. Les peuples habitant la péninsule ontarienne auraient évidemment semé des graines issues des fruits les plus prometteurs, afin de leur garantir des récoltes de fruits des plus savoureux. Comme quoi la sélection ne serait pas juste une affaire de l'Ancien Monde...
Afin de fructifier abondamment, l'asiminier trilobé requiert une pollinisation croisée (allogamie). Celle-ci peut se faire à la main, afin d'augmenter considérablement la récolte de fruits l'automne venu. Effectivement, on suspicionne que tous les pollinisateurs naturels de l'espèce ne l'auraient pas forcément suivie dans sa conquête du Nord. Un autre argument qui milite en faveur de l'origine amérindienne de l'espèce au Canada. À noter que les fleurs ont une odeur désagréable de viande avariée. Cette stratégie aurait été mise au point par l'espèce, afin d'attirer les insectes volants nécrophages qui, en se déposant sur les fleurs, les pollinisent du même coup. Fort heureusement, l'odeur n'est perceptible que de très près des fleurs. Les fruits ne se conservent pas longtemps et c'est peut-être l'une des raisons qui expliquent pourquoi cet arbre n'a jamais été cultivé à grande échelle. Néanmoins, ceux-ci peuvent-être congelés ce qui permet d'en profiter sur une plus longue période.
Le nom du genre en latin (asimina) et en français (asiminier) provient du mot algonquien assimin ou rassimin dans lequel la syllabe min signifie baie ou fruit. L'épithète spécifique (triloba en latin et trilobé en français), elle, fait référence aux fleurs qui s'ouvrent en trois sépales. Le nomenclateur du nom générique (asimina et asiminier) est le Français Michel Adanson (1727-1806). Le nom vernaculaire anglais pawpaw, souvent utilisé dans toutes les langues, est probablement dérivé du nom espagnol papaya qui désigne la papaye, fruit du papayer (carica papaya), qui ressemble quelque peu au fruit de l'asiminier trilobé. Il est fort possible que ce nom espagnol ait été donné au fruit et/ou à l'arbre lors de l'expédition du conquistador Hernando de Soto (1539-1543) dans le sud-est des États-Unis actuels. Dans le récit de ces explorations, il serait mentionné que des tribus amérindiennes cultivaient cet arbre à l'est du fleuve Mississippi (Wikipédia, 2018).
Il existe un dialecte français qui se nomme le français paw-paw. Ce dernier est parlé principalement au Missouri. Bien que ses locuteurs soient aujourd'hui très peu nombreux, il témoigne de l'occupation française des lieux depuis le XVIIe siècle.
On dit que l'asimine, le fruit de l'asiminier trilobé, constituait le dessert favori de George Washington et que Thomas Jefferson en cultivait à son domaine de Monticello, en Virginie.
Dimensions, port et longévité
L'asiminier trilobé est un petit arbre qui, en moyenne, fait 5 à 10 mètres de hauteur et de largeur, avec une tige dépassant rarement les 10 cm de diamètre (Waldron, 2003). En plein soleil, celui-ci a généralement une forme conique avec un feuillage très dense. En forêt - ou en situation ombragée - sa forme est davantage irrégulière, lui qui, comme beaucoup d'autres végétaux, a tendance à pousser en orgueil (étiolement) lorsque confronté au manque de lumière. Sa tolérance à l'ombre est excellente, mais le port de l'arbre - tout comme la production de fruits - est grandement affecté dans ce cas. Son espérance de vie varierait de 50 à 150 ans (California Polytechnic State University, 2018) et son rythme de croissance est moyen (University of Kentucky, 2018).
Bois
Comme pour la plupart des arbres à petit déploiement, le bois de l'asiminier trilobé est sans valeur économique. Son grain est grossier; il est léger mou et faible. Cependant, il est « joliment teinté de vert et de jaune lorsqu'il est fraîchement coupé » (Leistikow & Thüs, 2007). On dit que « les fibres de l'écorce interne étaient autrefois utilisées pour confectionner des filets de pêche » (Leistikow & Thüs, 2007).
Vertus médicinales
Le fruit aurait un pouvoir laxatif, alors que les feuilles, elles, pourraient être utilisées comme diurétique. Ces dernières sont parfois utilisées en usage externe, afin de traiter les ulcères ou les abcès. La graine contient de l'asimine alcaline qui est un émétique et un narcotique également. Dans le passé, les graines auraient été réduites en poudre et appliquées sur le cuir chevelu, afin d'éliminer les poux. L'écorce, quant à elle, contient de l'analobine alcaline et pourrait être macérée, afin de donner une décoction appelée « tonique amer » ou « eau tonique » (Plants For A Future, 2012). En plus de tout cela, le fruit pourrait neutraliser la capacité de certaines cellules cancéreuses à rejeter la chimiothérapie. Des études seraient actuellement menées en ce sens. (University of Kentucky, 2018). La manipulation des fruits pourrait causer des dermatites chez certaines personnes.
* Les références (sources) complètes se trouvent sous l'onglet Tableau descriptif, puis sous l'onglet Références, tout en-bas de la page.
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Arbo-Quebecium, (2018). Asimina triloba : Asiminier trilobé. [Ressource en ligne]. Repéré à : http://www.arboquebecium.com/fr/arbres-du-quebec/arbres-introduits/asiminier-trilobe/ et consulté le : jj/mm/aaaa.
Informations générales | |
Port : | Ovoïde, élancé et irrégulier |
Croissance : | Moyenne |
Grandeur moyenne : | 5 à 10 m |
Largeur moyenne : | 5 à 10 m |
Diamètre moyen : | 10 cm |
Espérance de vie : | 50 à 150 ans |
Région d'origine : | Canada et États-Unis |
Feuilles | |
Type : | Caduques, simples, alternes, entières |
Caractéristiques : | Grandes; d'aspect tropical |
Longueur : | 15 à 30 cm |
Couleur : | Vert moyen à vert foncé |
Couleur d'automne : | Jaune |
Exposition | |
Ombre | Mi-ombre |
Soleil |
Fleurs | |
Saison : | Printemps |
Caractéristiques : | Solitaires ou en petites inflorescences |
Couleur : | Pourpre rougeâtre |
Période : | Floraison ayant lieu au début de la feuillaison |
Type d'ombre produit | |
Léger | Moyen |
Fort |
Fruits | |
Type : | Baie |
Longueur : | 5 à 15 cm |
Couleur : | Jaune verdâtre |
Saison : | Automne |
Utilités paysagères et territoriales | |
Arbre de rue | Contrôle de l'érosion |
Brise vent | Toit vert |
Haie | Massif |
Écran | Isolé |
Écorce | |
Apparence/jeune : | Mince et lisse |
Apparence/vieille : | Rugueuse |
Couleur/jeune : | Brune et parsemée de taches grisâtre longitudinales |
Couleur/vieille : | Brun foncé |
Résistance(s) | |
Cerf de Virginie | Rongeurs |
Maladies | Insectes |
Verglas | Vent |
Tolérance(s) | |
Chaleur extrême | Sécheresse |
Inondation | Sel de déglaçage |
Embruns salins | Compactage |
Pollution |
Zones de rusticité | |
1 | 2 |
3 | 4 (b) |
5 | 6 |
Attraits | |
Écorce décorative | Attire les oiseaux |
Fleurs décoratives | Attire les petits animaux |
Feuilles décoratives | Sonorité du feuillage |
Fruits décoratifs | Vertus médicinales |
Classification classique | |
Règne : | Plantae |
Sous-règne : | Tracheobionta |
Super-division : | Spermatophyta |
Division : | Magnoliophyta |
Classe : | Magnoliopsida |
Sous-classe : | Magnoliidae |
Ordre : | Magnoliales |
Famille : | Annonaceae |
Genre : | Asimina |
Espèce : | Asimina triloba |
Indigène dans ces provinces et états : | |
Canada : ON |
En milieu naturel, l'asiminier trilobé se rencontre généralement dans des stations fertiles, humides, voire mouillées, sur des sols aux textures variées (Waldron, 2003). Il peut effectivement pousser dans des sols sableux, limoneux, argileux ou loameux. Dans tous les cas, ceux-ci doivent être humides, mais non pas mal drainés pour autant (USDA NRCS, 2001). C'est donc dire que, dans son aire de répartition naturelle, cet arbre est souvent présent sur les basses terres humides telles que les plaines d'inondation et autour des zones marécageuses ou aux abords des cours d'eau. L'asiminier trilobé tolère très bien l'ombre, mais nécessite une protection contre les forts vents (USDA NRCS, 2001). Pour ces raisons, ce petit arbre est très performant dans les sous-bois dominés par une grande variété de feuillus typiques de la forêt carolinienne. Sur des sols sableux, on pourra le voir sous le couvert d'érables à sucres (acer saccharum), érables rouges (acer rubrum) hêtres à grandes feuilles (fagus grandifolia), noyers cendrés (juglans cinerea), frênes blancs (fraxinus americana) et tulipiers de Viriginie (liriodendron tulipifera) pour ne nommer que ceux-là. Sur des sols argileux, la canopée sera alors composée de noyer noirs (juglans nigra), ormes d'Amérique (ulmus americana), chênes à gros fruits (quercus macrocarpa), caryers cordiformes (carya cordiformis), chênes de Shumard (quercus shumardii), frênes rouges (fraxinus pennsylvanica), érables noirs (acer nigrum) et platanes occidentaux (platanus occidentalis) notamment (Waldron, 2003).
L'asiminier trilobé produit des semences ayant un taux de germination assez bas et dont la germination elle-même est très lente. Si lente que le premier hiver auquel fait face le semis le tue souvent... Ces deux facteurs combinés font en sorte que l'arbre se multiplie surtout de manière végétative, grâce à ses racines drageonnantes. Ces dernières lui permettent parfois de former de grandes colonies dans les sous-bois où il rencontre du succès. Bien que très compétitifs dans ces conditions, les asiminiers trilobés finiraient par disparaître des vieilles forêts peu ou pas perturbées. Le fait que leur longévité ne soit pas très grande (50 à 150 ans) en serait la cause (USDA FS, 1993).
L'asiminier trilobé rencontre son optimum lorsqu'il pousse dans un sol riche, humide et bien drainé, au pH quelque peu acide (Missouri Botanical Garden, s.d.). Tel que mentionné un peu plus haut, il tolère très bien l'ombre, mais est bien plus prolifique lorsqu'il peut bénéficier d'un bon ensoleillement. Son port sera alors beaucoup plus dense et sa fructification abondante. Néanmoins, un fort ensoleillement le rend plus vulnérable à la sécheresse qu'il ne tolère pas (University of Kentucky, 2018).
On croit que cet arbre serait plutôt résistant aux feux, puisqu'il drageonne beaucoup (USDA FS, 1993). De surcroît, la coupe des arbres et des drageons encouragerait encore davantage le drageonnement (Missouri Botanical Garden, s.d.). Il serait aussi tolérant aux embruns salins (gibneyCE.com, 2017), mais serait peu adapté aux environnements côtiers (USDA NRCS, 2001)... Plusieurs sources mentionnent qu'il est résistant au cerf de Virginie, ainsi qu'à la plupart des insectes et des maladies (USDA NRCS, 2001). Ses rameaux et son écorce contiendraient un insecticide naturel (University of Kentucky, 2018).
Les ours, ratons laveurs, renards, écureuils et opossums mangent les fruits, alors que les castors ne dédaignent pas l'écorce (USDA FS, 1993). Les dindons sauvages mangent aussi les fruits (Kershaw, 2001). Le papillon protographium marcellus (absent au Québec) se nourrit exclusivement des feuilles de l'asiminier trilobé (USDA NRCS, 2001). Il est possible que cet arbre attire d'autres espèces de papillons également.