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Des érables améliorés

MessagePublié: 02 Jan 2008, 22:48
par palustris
Peu de personnes se sont intéressé a l'amélioration génétique des feuillus a part peut-être cet homme
http://www.sciencepresse.qc.ca/kiosquef ... rable.html

MessagePublié: 03 Jan 2008, 00:07
par xavier
Je suis très critique face à cet article. Plusieurs abus de langage sont employés. Il ne s'agit pas d'une forêt, mais d'une monoculture. Il ne s'agit pas de reboisement, mais d'agriculture à long terme. Si le bus est l'agriculture pour produire du sirop d'érable...à long terme ça peut devenir quelquechose de rentable. À court terme, c'est évidemment inutile. Si le but est le reboisement, c'est une grossière erreur. Partir des semences de 14 arbres pour créer une ''forêt'...quel effet fondateur! quel pauvreté génétique! et ce en une seule espèce! mettre des herbicides?!

Déninitivement, le mérite est d'avoir produit une lignée performante pour la production de sirop d'érable et plus résistance aux pluies acides, mais pas de favoriser le reboisement. D'ailleur je n'encouragerais pas le reboisement avec une seule lignée génétique d'arbre. Que dire de la résistance aux maladies actuelles et surtout futures, à la capacité d'adaptation au changement climatique (qui nécessite habituellement une bonne diversité génétique).

À retenir: durant l'évolution, les plantes qui se sont montrées les plus adaptées, résistantes et dominantes sont celles qui ont su favoriser leur diversité génétique.

MessagePublié: 03 Jan 2008, 12:49
par Viger
C’est un projet intéressant à partager. Je ne suis pas convaincu sur la pauvreté de la diversité génétique de ses érables. Si on connaît l’arbre d’où proviennent les semences, on ignore de quels arbres pourrait provenir le pollen qui a pollinisé les fleurs. Pour cette même raison, l’amélioration génétique risque d’être diminuée, d’autant plus qu’un arbre stressé produit souvent plus de fleurs (donc de pollen).
Je suis d’accord avec Xavier sur la monoculture; il pourrait introduire des essences compagnes propres à son domaine bioclimacique (ex. selon le cas, bouleau jaune, tilleul …). C’est ce que j’ai fait dans mes plantations d’érables quoique j’ai triché un peu en y ajoutant de plus des caryers.
Pour ce qui est des herbicides, il faut être vigilant dans leur application. Je sais qu’ils ont mauvaise presse mais une application de simazine respectant l’étiquette contrôle efficacement les graminées sans affecter les érables. Les graminées produisant généralement un effet allélopathique sur les feuillus, ceux-ci s’installent plus rapidement lorsqu’on exerce un contrôle.

MessagePublié: 03 Jan 2008, 18:08
par xavier
Tu as raison Viger, le backgroung génétique du pollen est différent. Néanmoins tous les arbres plantés partagerons 50% du bagage génétique des 14 arbres sélectionnés. Alors, en effet, tous les arbres plantés sont génétiquement différents, mais l'ensemble des gènes partagé est réduit artificiellement, sous la base de critères harbitraires (un genre d'eugénisme partiel d'arbre...). Ainsi, certains gènes menant à un phénotype désiré et d'autres sans le savoir auront été favorisés en dehors des règles de la sélection naturelle (la proportion des gènes provenant des arbres sélectionnés sera plus grande que dans la nature). Certainement celà peut permettre d'avoir des arbres plus résistants aux pluies acides et plus productifs, mais peut-être que sans le savoir nous avons réduit la proportion d'arbres portant un gène permettant une résistance à une future maladie (exemple). Alors, côté génétique il faut faire attention... tout dépend de l'utilisation que nous voulons en faire. Dans un contexte de production (bois, sirop...) c'est une bonne idée, mais pour le reboisement (naturel;reforestation), j'en doute...même le petit érable fourchu qui produit moins de sucre devrait y avoir sa place; s'il n'est pas apte à survivre, ''la nature'' s'en chargera....

MessagePublié: 03 Jan 2008, 18:38
par palustris
C'est un point de vue intéressant xavier mais si on suit ta logique jusqu'au bout toutes les plantes cultivées sont mauvaises puisqu'elles ont été selectionée sur des bases autre que la selection naturelle.( grosseur des fruits, gout, etc)_ C'est sur que si l'on regarde l'exemple des pommiers ou l'on a une génétique pauvre et qui nécessite des tonnes de pesticides pour produire des fruits je te donne raison bien que l'on recherche maintenant des pommiers résistant aux maladies et insectes. Mon point de vue sur le sujet n'est pas tranché mais plûtôt nuancé. une certaine amélioration ne peut pas nuire mais il faut laisser beaucoup de place a la diversité

MessagePublié: 03 Jan 2008, 20:40
par xavier
La phrase clef de l'explication était : tout dépend de l'utilisation que nous voulons en faire

Je ne dis pas que toutes les plantes cultivées sont ''mauvaises'', au contraire. Je dis seulement que les améliorations génétiques sont utiles d'un point de vue humain. Elles servent à des fins humaines (gros fruits = alimentation, plus de sucres = plus de sirop, plus grosses fleurs = plus beaux jardins). Les améliorations génétiques nous sont donc très utiles et intéressantes, mais elles doivent restées sous contrôles (agriculture, jardin...). Autrement dit, nous ne devons pas nous amuser à modifier génétiquement des espèces (ou favoriser la propagation de gènes particuliers) que nous destinons à réintroduire dans la nature. Nous ne connaissons pas assez les effets de telles modifications sur l'évolution des espèces dans leur état ''naturel''...du moins sans l'intervention de l'homme. Je suis loin d'être drastique, au contraire, je tente de montrer que oui le génie génétique ou la sélection de type mendellienne est formidable pour l'humain. Cependant comme les choses changent, nous devons nous assurer de conserver une bonne diversité génétique dans la nature pour assurer une bonne capacité d'adaptation des espèces, la possibilité d'étudier la propriété de gènes rares et faciles à éliminer, etc...et tout ça en partie pour nos propres intérêts. Je sais qu'il est difficile de tout maintenir sous contrôle (nous ne pouvons recouvrir nos cultures de toiles pour éviter la pollinisation entre des variétés ''améliorés'' et les variétés indigènes... Néanmoins, nous pouvons minimalement éviter d'introduire en nature des espèces modifiés/trop sélectionnées. Je vois qu'il est difficile de parler génétique sans que les gens nous perçoivent comme anti ou pro sélection/modification. Ce type de débât témoigne, je crois, d'une mécompréhension des conséquences positives et négatives à courts et longs termes du fait de jouer avec la génétique.

Un exemple un peu anodin: les bananiers ont été sélectionnés pour avoir de grosses et bonnes bananes. Parfait, excellent pour nous, ce fruit est très important dans l'alimentation de certains pays. Cependant, cette sélection à appauvrit génétiquement la lignée cultivée qui ne résiste pas à la cercosporiose noire qui fait sont apparition. Des gènes de résistances ont heureusement été conservés dans les populations indigènes, ce qui nous permettra possiblement de remédier au problème. Si nous nous étions amuser à substituer graduellement (diluer) les bananier sauvage par des bananier améliorés (inconsciemment peut-être)...il aurait été moins évident de remarquer la résistance. Si le gène de résistance était peu féquent avant que la maladie ne fasse sont apparition, ce qui est souvent le cas, il aurait peut-être été perdu ou tellement rare que nous n'aurions peut-être pas la chance d'abserver le phénomène de résistance avant que des dégâts immenses soit engendrés aux cultures.

MessagePublié: 04 Jan 2008, 09:47
par hickorie
Quant à moi, en tant que futur architecte paysagiste, j'entends souvent parler de cultivars et je dois dire, en effet, qu'il semble y avoir deux camps: ceux qui aiment et ceux qui n'aiment pas.

Personnellement, je suis davantage dans le clan de "ceux qui n'aiment pas", car pour moi le vrai défi, au moins pour un architecte paysagiste du XXIième siècle, est de créer des choses avec ce que la nature nous offre et non pas de tout contourner en modifiant et chambardant tout sur notre passage. La nature est tellement vaste à l'origine que je comprends mal pourquoi nous avons besoin de créer de nouvelles variétés... Par exemple, avons-nous réellement besoin de quelques 7000 sortes de rosiers?!?

Comme Xavier l'a très bien expliqué, le génie génétique sert, en grande partie, à l'humain et pour moi, lorsqu'on conçoit un aménagement, ce dernier doit pouvoir accommoder le plus grand nombre d'utilisateurs possible, l'humain ne représentant qu'un utilisateur (peut-être un peu plus important mais bon) parmi tant d'autres...

Aussi, il y a des risques à jouer avec la génétique et souvent ce que nous faisons a de grandes répercussions sur la nature. Je reprends ici l'exemple du bananier que Xavier a mentionné un peu plus haut ou tout simplement le film Jurassic Park!

Finalement, je terminerais mon point de vue en disant que je ne suis pas sûr que l'humain, aujourd'hui en 2008, ait ce qu'il faut pour contrôler et assurer les gestes qu'il pose sur la nature, et ce, pas seulement en ce qui a trait à la modification génétique, mais ça c'est un autre débat...