Envahissement du hêtre dans les érablières dépérissantes au Québec
http://www.mrn.gouv.qc.ca/publications/ ... -56-59.pdfCimes dégarnies, feuillages séchés, entailles dont la cicatrisation prend plus de trois ans, envahissement par le hêtre et la fougère, voilà quelques symptômes de dépérissement des
érablières fréquemment identifiés. Des chercheurs se sont attaqués au phénomène et ont émis plusieurs hypothèses : carences nutritives de l’érable à sucre, mauvais aménagements, défoliation par les insectes et écarts climatiques importants. Ces facteurs ont certes contribué au dépérissement. Cependant, le phénomène aurait commencé bien avant l’apparition des symptômes mentionnés ci-dessus.
En fait, les pluies acides auraient joué un rôle important dans ce dépérissement. Ces précipitations auraient lessivé les éléments nutritifs des sols déjà très acides et peu fertiles des érablières, dont le calcium et le magnésium. Essence exigeante, l’érable à sucre se retrouve principalement sur des terres peu fertiles à cause du changement de vocation des sols depuis l’époque de la colonisation jusqu’au développement urbain et agricole d’aujourd’hui. Résultat, le déséquilibre minéral du sol serait en grande partie responsable du dépérissement des érablières.
De nos jours, le dépérissement toucherait encore
plusieurs érablières, et ce, à différentes intensités. En plus de la
baisse de vigueur de l’érable à sucre (Acer saccharum Marsh. ;
Duchesne et al., 2002, 2003), des observations effectuées au
cours des dernières décennies dans les érablières du Québec
soulèvent des interrogations quant à l’évolution de plusieurs
d’entre elles. En effet, la présence accrue de la régénération
du hêtre à grandes feuilles (Fagus grandifolia Ehrh.) en sous-
étage a été constatée dans certaines érablières au Québec
(Brisson et al., 1994 ; Beaudet et al., 1999). Plusieurs forestiers
de terrain ont également remarqué ce fait, laissant croire
qu’il pourrait s’agir d’un phénomène assez répandu dans les
érablières québécoises.
Certains chercheurs ont avancé l’hypothèse que l’amé-
nagement forestier pourrait expliquer la présence accrue du
hêtre (Siccama, 1971 ; Jones et al., 1989), mais les quelques
travaux de recherche effectués dans certaines érablières du
Québec indiquent que ce phénomène pourrait aussi s’étendre aux forêts non aménagées (Brisson et al., 1994, Pothier,
1996, Beaudet et al., 1999 ; Majcen, 1995, 1996, 1998, 1999).
Par exemple, Pothier (1996) a constaté une hausse de près
de 300 % des gaules de hêtre, au cours d’une période de dix
ans, dans des stations non aménagées. Ce changement a été
attribué à la mortalité des tiges d’érables à sucre de gros diamètre, provoquée par le dépérissement de l’érable et par
l’augmentation de la luminosité au sol qui s’en est suivi. Dans
ce contexte, il semble que l’augmentation de la présence du
hêtre